Je peux être face à une rivière, intraversable à la nage et décider de ne pas tenter de sauter par-dessus pour la franchir quand même. Je vais voir s’il n’y a pas un autre passage plus loin ou je rebrousse chemin. Décision simple. Pragmatique. Je peux décider de ne pas traverser une route avec beaucoup de trafic et de marcher un peu plus loin pour trouver un passage plus sûr. Décision simple. Intelligente. Je peux décider de ne pas aller caresser un chien qui me regarde droit dans les yeux, les muscles un poil trop tendus. Décision simple. Judicieuse.
La question est la suivante, qu’est ce qui fait qu’on ne fait pas n’importe quoi dans ces trois situations et qu’est ce qui fait qu’on peut faire n’importe quoi en choisissant : un amour impossible, une relation foireuse, de persister dans un choix qui n'est pas le bon, un job de merde qui flattera l’égo le temps que ça durera ou juste d’accepter de rendre un service même si l’on sait qu’il nous mettra dans la merde.
La différence, c'est que dans le premier cas, l’instinct de survie physique s’impose à nous. On perçoit le signal sans équivoque et on l’écoute. Bref, ça fonctionne bien. Dans le deuxième cas, le mécanisme de prévention repose sur des signaux psychologiques, les émotions, et là, il semble que nous soyons bien mauvais dans l’ (in) utilisation qu’on en fait. Si c’est de l’ordre du signal reptilien (assurer l’intégrité physique), l’action induite est quasiment toujours la plus profitable, mais lorsque les signaux sont émotionnels (assurer l’intégrité mentale), la communication avec nous-mêmes est tout de suite plus floue, voire inopérante. Dans le premier cas, on écoute le signal, on n'a même pas besoin de le déchiffrer, il décide de l’action à suivre. Dans le deuxième cas, on découvre, le plus souvent après coup, qu’on est bien ignorant de nous-mêmes.
C’est dommage cette inaptitude à utiliser tous les types de signaux qui nous alertent. Qu’ils soient excitants ou effrayant d’ailleurs. Ils ont toujours quelque chose à nous dire.
Les émotions ont un but très binaire, savoir ce qui sera profitable, ou pas, à notre survie mentale.
Je crois que la meilleure solution, dans bien des cas et jusqu’à ce que l’on prenne la sage décision de comprendre et d’interroger ses émotions jusqu’à la fin de ses jours, c’est bien souvent de ne rien faire. Ce qui n’est pas si simple. Laisser infuser tranquillement.
Dédicace à mon ami Fabrice qui m'a transmis cet incontournable Mantra.